Après deux années passées à Oxford, Guillaume, Marguerite, Madeleine et Augustine sont de retour à Berlin pour de nouvelles aventures. Ici, vous saurez tout ce qu'il faut savoir sur Berlin, son histoire, les lieux à voir et ceux à éviter. 


BERLIN et l'ART CONTEMPORAIN

Pour plusieurs raisons, de nombreux artistes vivants et majeurs résident à Berlin, parfois depuis de nombreuses années. La principale raison : le prix des studios et la disponibilité de louer de grands espaces. De ce fait, plusieurs artistes ont quittés New York, Londres ou Paris pour venir s'installer à Berlin, comme Sean Scully ou Douglas Gordon. L'autre raison, le dynamisme de la scène artistique animée par des acheteurs internationaux, mais aussi par un soutien à la création de la part du Sénat de Berlin. Ainsi, de nombreuses galeries commerciales exposent des artistes "sûrs" et confirmés sur le marché de l'art, mais elles exposent aussi des artistes plus jeunes, moins avancés dans leur carrière. Enfin, un réseau de centres d'art, en partie subventionnés, disposent de grands espaces et sont soumis aux contraintes du marché. 

Parmi les principaux artistes vivants à Berlin, Isa Genzken, Tacita Dean, Tomas Saraceno, Jonathon Monk, Wolfgang Tillmans... Les principales galeries d'art contemporain à Berlin sont les suivantes : Esther Schipper, Thomas Schulte, la galerie König ou Eiger + Art. Les centres d'art à ne pas manquer : KW, Kulturebrauerei, Kindl, Contemporary Fine Art.  


Potsdamer Platz : une histoire unique

La Potsdamer Platz est l'une des plus importantes places de Berlin : elle apparait au XVIIIe sur les cartes et là, se situe le poste de douane Berliner Zollmauer. L'ouverture de la ligne de train Berlin-Potsdam et la gare sur la place redessinent l'ensemble en dénaturant l'architecture néo-classique dessinée au début du XIXe siècle. La place devient rapidement un noeud de communication et de passage majeur de la ville : bus, trams, trains, voitures. Deux grands hôtels s'installent à la fin du XIXe : Fürstenhof et Bellevue. Les cafés de la place deviennent des lieux de rencontres du Berlin de l'entre-deux guerres. En 1945, comme le reste, la place est lourdement bombardée. Mais la construction du mur va littérallement couper la place en deux : le no man's land passe en plein milieu de la place, et de la Leipziger Place contigue. Beaucoup de bâtiments sont détruits, des cabarets de l'entre-deux guerres (celui où fut tourné L'Ange Bleu par exemple), des hôtels. La stations de métro n'est plus desservie. Wim Wenders tourne une scène magnifique, surréaliste, au pied du mur, sur le champ de ruine de la Potsdamer Platz en 1987. A l'ouverture du mur, Pink Floyd organisa en juillet 1990 un grand concert sur la place. Ensuite, Daimler-Benz et Sony investirent lourdement dans cette place et la reconstruction commença. Le Sénat de Berlin autorisa de grandes hauteurs, qu'il avait interdit Parizer Platz, la place devant la Porte de Brandebourg. Renzo Piano est responsable de la réorganisation de la place. Aujourd'hui, c'est de nouveau un axe de circulation important.  Elle est le symbole d'une ville effrénée dans les années 1920, d'une ville bombardée, d'une ville ensuite divisée et enfin, réunifiée.




Achat de photographies d'Août 1961

J'ai trouvé, en salle des ventes, à Berlin, ce mois-ci, un lot de photographies très divers, dont certaines d'entres elles ont été prises juste au moment de la construction du mur, entre le 13 août et la 1ère semaine de septembre 1961. Les plus intéressantes ont été prises à Check Point Charlie (les 4 premières). On peut y voir les MP américains surveiller la frontière. Un blindé léger, avec ce qui ressemble à un drapeau Anglais dessus (?) surveille aussi les opérations. La foule est massée devant ce qui n'est encore qu'une ligne de barbelés encore à ce moment de l'été 1961. Le checkpoint lui-même (en bois), n'est bien-sûr pas encore construit. Une autre photographie, amateur celle-ci, a été prise Wollankstrasse, mais du côté Est, prise dans les derniers jours d'août. La photographie suivante, celle d'un soldat à moto à côté d'un mirador, est impressionnante : il se trouve dans le no man's land du mur et dans le fond de la photo, on voit nettement la porte de Brandebourg - dans le No Man's land - et le Reichstag. Ensuite, les deux dernières photos présentent deux bâtiments phares de Berlin-Est : le Palast der Republik (détruit en 2008 pour reconstruire le chateau de Hohenzollern) et la Haus des Lehrers, batiment aussi à vocation sociale, ornée d'une magnifique mosaïque vantant la gloire du socialisme. Elle est toujours en place.  


Anniversaire de la chute du mur : de nombreux articles et émissions sur le sujet

Tous les grands journaux présentent articles, films et témoignages célébrant les 30 ans de la chute du mur de Berlin.

Arte a mis en ligne plusieurs émissions, ICIFrance Culture a aussi mis en ligne plusieurs émissions : notamment une série de cinq émissions Le cours de l'histoire, dont le mur est analysé de façon géopolitique. Art et Création revient quand à lui sur les oeuvres d'art inspirées du mur : David Bowie, Iggy Pop, Lou Reed... tous enregistrent au Studio Hansa (dont le 1er studio d'enregistrement se situe juste en face de notre appartement). Vous y apprendrez le succès immense de David Hasseloff à Berlin (Tonnerre mécanique et Alerte à Malibu - très populaire en Allemagne pour avoir chanté Looking for Freedom au printemps 1989 porte de Brandebourg en décembre 1989). L'INA a mis en ligne toute une série de vidéos sur le mur de Berlin, toujours intéressant à regarder. Berliner Zeitung a mis en ligne le classique "Où étiez-vous le 9 novembre 1989 ?". Pour les plus germanophiles d'entre vous. Vous pouvez voir la vidéo un peu didactique du Monde ainsi que celle du Time qui a mis en ligne les deux discours historiques : celui de Kennedy en 1961 et celui de Reagan en 1987, tous les deux à Berlin Ouest. La BBC a mis en ligne des images d'archives de l'ouverture du mur. Enfin, pour la lecture, vous pourrez lire Histoire d'un Allemand de l'Est de Maxim Leo, racontant ses souvenirs d'enfance dans un Berlin-Est pas aussi gris ou triste qu'on peut l'imaginer. Enfin, plus critique, Sud-Ouest fait l'inventaire des murs encore dressés dans le monde, au nombre de 65 (il y avait 11 en 1989). A lire. Ci-dessous, le clip très berlinois et relativement agité de New Order pour leur titre Singularity (2016) dont les images sont tirées de l'incroyable B-Movie : Lust and Sound in West-Berlin : 1979/1989 (pas interdit aux moins de 16 ans, mais ça aurait pu...). Bonnes lectures.  


Le 4 novembre 1989 : manifestation immense à Berlin, Alexanderplatz

Le 4 novembre 1989, une semaine avant la chute du mur, une immense manifestation est organisée Alexanderplatz à Berlin (Est). Au moins un million de personnes s'y réunissent pour réclamer des élections libres. Le 16 octobre, quelques jours plus tôt, à Budapest, une session du Parlement a été ouverte et des élections libres vont être organisées. Et surtout, le 18 octobre, l'indéboulonnable Erich Honecker, président de la RDA depuis 1976, a été sorti du pouvoir et remplacé par Egon Krenz, qui, même s'il incarne le parti officiel, représente un espoir de changement. C'est un tournant politique majeur. Le 23 octobre, la République de Hongrie est proclamée : c'est le 1er pays du bloc de l'Est qui tombe. 

Plusieurs écrivains, comédiens et personnes engagées, prennent la parole au micro pendant ce jour de novembre : Ils réclament des élections libres. La liste des orateurs est contrôlée par le SED (Parti politique unique en DDR) qui craint surtout que la manifestation leur échappe et craint aussi que la foule se dirige vers le mur de Berlin. La foule est encadrée par la police (en photo). 

Une chronologie précise et documentée est lisible ICI. Personne ne s'attend à ce que le mur tombe 7 jours plus tard, personne. Le journal télévisé du soir vous montre aussi l'ambiance festive à Berlin Est en novembre 1989. 


Des tableaux qui ont été à Berlin...

Et qui n'y sont plus. En 1933, quand les nazis prennent le pouvoir, la propagande d'Etat se met en place. L'art tient une place centrale et il s'agit bientôt à la fois de se débarrasser des œuvres d'artistes dits "dégénérés", mais aussi d'acheter des œuvres qui incarnent mieux le caractère aryen de la race allemande (les plus célèbres furent ceux de la collection Czartoryski de Cracovie). Ainsi, les Nazis ont fait fuir des centaines de chefs-d’œuvres, réparties maintenant surtout entre l'Angleterre et les Etats-Unis, gros acquéreurs d’œuvres d'art à cette époque. Voici quelques œuvres que l'on pouvait voir à Berlin, dans la Galerie nationale de peintures, qui était alors dans le Kronprinzen-Palais, Unter den Linden, avant d'être vendues aux enchères. On a longtemps cru que les œuvres d'art dites "dégénérées" avaient été détruites. Bien au contraire, les nazis connaissaient la valeur de celles-ci et elles ont donc été vendues au meilleur prix. 

Pour les plus curieux, vous pouvez consulter ICI, une liste des œuvres vendues par les Nazis entre 1933 et 1945. La liste donne le tournis. Beaucoup d’œuvres ont disparues.

Le site de la Fondation Monuments Men donne aussi des listes d’œuvres disparues ou non réattribuées (ICI).  

Vous pourrez lire le livre The Rape of Europa de Lynn H. Nicholas dont le propos a été mis en film (bande annonce ci-après). 

 

- Max Beckmann, Autoportrait, 1927, vendu en 1937, Cambridge, Busch-Reisinger Museum - Harvard University Art Museums

- Vincent Van Gogh, Les Jardin de Daubigny, 1890, vendu en 1937, Hiroshima Art Museum. 

- Vincent Van Gogh, Autoportrait, 1880, donné à Paul Gauguin, collection Hugo von Tchudi, Berlin. Vendu à Lucerne en 1939. Cambridge, MA, Fogg Art Museum. 

- Ludwig Kirchner, Rue rouge avec voiture, 1913, vendu en 1937, New York, MoMA. 

- Otto Müller, Jeunes femmes dans les bois, c. 1918, vendu en 1937, Emden, Kunsthalle. 

- Raphael, Portrait de Bindo Altoviti, c. 1515, anciennement Alte Pinakothek, Munich, échangé contre une toile de Matthias Grunwald en 1938. 

 


Eté 1989 / été 2019 : 30 après

Cette année, à Berlin et dans le reste de l'Allemagne, on célèbre les 30 ans de la chute du mur. Plusieurs événements importants ont lieu au cours de l'été 1989 : certains indiquent clairement une ouverture du bloc communiste, comme les élections libres en mars et avril en URSS, ou la victoire de Solidarnosc en Pologne, mais la plupart des événements ne signalent aucune ouverture, voire plutôt une fermeture du bloc Est : des opposants à Ceaucescu sont arrêtés en Roumanie, des policiers tirent sur des opposants en URSS (22 morts). L'arrivée au pouvoir Gorbatchev (25 mai) marque un tournant dans l'évolution des événements. George Bush effectue une tournée triomphale dans les pays de l'Est. Le président Hongrois, Németh, décide de démanteler le rideau de fer entre son pays et l'Autriche. Au même moment, Gorbatchev ouvre peu à peu son pays à l'économie de marché. En juillet 1989, Honnecker autorise les visites des habitants de l'Ouest vers l'Est et interdit aux soldats de tirer sur ceux qui tenteraient de traverser le Rideau de fer. Au cours du mois d'août, les ambassades d'Allemagne de l'Ouest de Vienne, Budapest, Berlin-Est, Prague, Varsovie, sont occupées par des Allemands de l'Est souhaitant quitter le pays. 

Deux berlinois de l'Est tentent de passer en force la frontière au checkpoint de Chaussestrasse en avril 1989. Ils furent arrêtés quelques minutes plus tard.  

 

Le leader politique et syndical Lech Walesa est porté par ses camarades au cours d'une grève à Gdansk. Août 1989. La victoire de Solidarnosc, son parti, sur la Parti Communiste, aux élections de Juin 1989 a créée une onde de choc dans le bloc de l'Est. 

Berlin étant une zone démilitarisée jusqu'en 1991, de nombreux jeunes Allemands de l'Ouest viennent s'y installer, pour échapper au service militaire notamment. Berlin Ouest devient rapidement un foyer de contestation important, anti-communiste, mais aussi anti-impérialisme américain et anti-capitaliste. Juin 1988.  


DE RETOUR A BERLIN

Nous voici donc de retour à Berlin après 2 ans d'absence. Berlin en 2019, c'est une ville prospère et très agréable à vivre (ça n'a pas toujours été le cas) grâce à la richesse de l'offre culturelle et à la générosité impressionnante des services municipaux (surtout en arrivant du Royaume-Uni). Le coût de la vie en général est très raisonnable, et la population de Berlin est très multi-culturelle. Son histoire fascinante en fait une ville au caractère indéniable, fortement lié à l'histoire du 20e siècle (cf. ce numéro spécial de la revue Esprit). Beaucoup de films sont consacrés à Berlin. Nous avions déjà parlé du suggestif Atomic Blond, je vous suggère, en introduction de ce nouveau chapitre de ce blog, le magnifique film de Billy Wilder, One, Two, Three, tourné durant l'été 1961, l'été-même de la construction du mur. Le film est une comédie et est une très bonne introduction à la ville de Berlin. En 2019, Berlin célèbre d'ailleurs les 30 ans de la chute du mur.


ENCAENIA : prononcez〈 ɛnˈsiːniə 〉

Voilà encore une tradition unique et amusante : une fois par an, à la fin de l'année universitaire, une belle brochette d'hommes et de femmes en uniformes exotiques se réunissent pour décerner un doctorat honoraire ("Honorary Degree") à des chercheurs méritants et autres personnalités. Cette année, la personnalité connue, c'était Yo-Yo Ma. L'an passé, c'était Martin Scorsese (on l'a loupé donc). La cérémonie se déroule de la façon suivante : la petite assemblée constituée du Chancelier de l'université, du Vice-Chancelier, des Pro-Vice-Chancellors, les directeurs de facultés, et ceux de Divisions et les titulaires des plus hauts doctorats, se réunit dans un college proche du Sheldonian Theatre, où se déroule la-dite cérémonie. A 11h15 précise, ils défilent dans la rue (sous les sifflets des manifestants parfois - l'université d'Oxford a beaucoup de détracteurs) et entrent dans le bâtiment. La cérémonie est presque entièrement en latin. Eh oui. Les accomplissements de chaque récipiendaire sont ainsi décrits. Ensuite, un discours (en anglais celui-ci), sur l'état de l'université, toujours amusant et bien rythmé, comme le savent faire si bien les Anglais. Ensuite, pour les invités, un déjeuner est servi dans un college non loin. Enfin, c'est la grande Garden Party qui clôture cette journée. Encaenia existe depuis 1478 et sous sa forme actuelle depuis 1733. Le terme est grec et renvoie à la notion de renouveau dans l'évangile de Saint Jean. C'est une journée unique qui conclue l'année académique. 

Les photos vous montrent l'arrivée du corps académique, la salle du Sheldonian, Marguerite en "gown", l'arrivée à la Garden Party (les enfants étaient de la party) et la dite-Garden Party. En gros, on s'est bien amusés (surtout la partie en latin). 


Une heure de décalage horaire : Why ?

Le fait que l'Angleterre présente une heure de décalage avec le reste de l'Europe est un héritage de la Seconde Guerre Mondiale. Quand l'armée allemande envahit la France à l'été 1940, c'est presque la 1ère chose qu'elle fait : mettre les territoires occupés à "l'heure allemande", selon l'expression employé par Jean-Louis Bory en 1945. Depuis Sedan le 14 mai jusqu'à La Rochelle le 23 juin, c'est toute la France occupée qui passe progressivement à l'heure de Berlin. Pour des commodités pratiques, la France Libre passe rapidement elle aussi à la nouvelle heure. Par solidarité politique, l'Espagne de Franco passe elle aussi en 1940 à l'heure de Berlin. On aurait pu s'attendre à ce l'Angleterre ne s'aligne pas sur cette heure de Berlin, mais les Anglais sont eux aussi changé leurs montres pendant la guerre : de février 1940 à octobre 1945. C'est alors que les Anglais sont revenus à l'heure d'avant la guerre, ce que les Français et les Espagnols n'ont pas fait. Voilà pourquoi il existe une heure de décalage entre l'Angleterre et le reste de l'Europe alors que le fuseau semblait indiquer le contraire. C'est donc bien la France et l'Espagne (et pas le Portugal qui est sur le même fuseau que l'Angleterre) qui ne font pas les choses comme on aurait pu s'attendre. 

Étendons le sujet : il y a quelques mois, était présenté à la Tate Modern à Londres une oeuvre majeure de Christian Marclay intitulée The Clock (2011) : un montage d'extraits de films d'une durée de 24h. Chaque séquence étant calée sur l'heure réelle, la vôtre, celle de votre montre au moment où vous regardez cette suite d'extraits de films. Une expérience hors du commun (l'extrait proposé ne reflète malheureusement pas l'heure de votre montre - dommage). 


NACH BERLIN - again

Après une semaine caniculaire passée à Berlin à arpenter les appartements à louer, nous avons fini par trouver exactement ce qui nous fallait : un appartement cher. Mais il est grand et beau. Il est surtout bien placé : sur le célèbre Ku'damm (dont vous attendrez parler en détail dans ce même blog à partir de la rentrée...). Chaque fille a sa chambre. Bref, on est très satisfaits de notre petite trouvaille. Pour vous donner l'envie d'aller faire un tour à Berlin et, éventuellement, vous plongez dans une ambiance de fin de guerre froide, je vous conseille le relativement violent mais bien rythmé "Atomic Blonde". Vous l'aurez compris, à la rentrée, fini les posts de blog sur les traditions charmantes et surannées d'Oxford, place aux Punks, Squats, mur et chute de mur (les 30 ans cette année de la chute du Mur). A suivre. 


The Beating of the Bounds : une tradition bien d'Oxford

A Oxford, le jour de l'Ascension (30 mai cette année) est marqué par une curieuse et intéressante tradition : "The Beating of Bounds". De quoi s'agit-il ? Les deux paroisses du centre ville, Saint Michael at the North Gate et University Church, font le tour de leur territoire et pour que chacun se rappelle des limites respectives de leur paroisse. Il s'agit donc de faire le tour du centre ville, dans un périmètre relativement limité (de 500m env. autour de l'église), et de taper avec une petite baguette une croix, une pierre qui indique cette frontière symbolique. Il faut effectuer une dizaine d'arrêts environ. A chaque étape, la petite procession, constituée de curieux et d'habitants de la paroisse, menée par le révérend, marque la pierre avec une marque à la craie : un X avec S.M.V (Saint Mary the Virgin) et la date : '19'. Certaines pierres portent déjà une marque en bronze ou taillée dans la pierre. Ces délimitations sont tantôt à l'intérieur, tantôt à l'extérieur des Colleges. Certains colleges offrent thé ou café pour cette curieuse assemblée. C'est un événement intéressent qui illustre la façon dont, à une époque où l'oralité avait un rôle important, la mémoire se transmettait. La photo en noir et blanc date de 1908. Donc, une tradition bien d'Oxford. 


IVY BEER : une autre tradition bien d'Oxford

En cette même journée de l'Ascension, une autre curieuse tradition entre Brasenose College et Lincoln College se déroule : il s'agit de célébrer un événement dont l'origine est incertaine : un étudiant de Brasenose College aurait été tué par un habitant de la ville pour n'avoir pas été secouru par les étudiants de Lincoln College qui ne lui aurait pas ouvert les portes (tout à fait possible : regardez ici). L'autre possibilité est qu'un étudiant d'Oxford aurait tué en duel un étudiant de Brasenose. Possible aussi. Toujours est-il que la tradition est que la petite porte qui fait communiquer les deux Colleges soit ouverte pendant 10 minutes environ, pour laisser passer une petite délégation qui est censée se faire offrir une bière aigre faites avec des feuilles de lierre ('Ivy' beer) : Il s'agit donc, à la fois de s'excuser du dit méfait mais l'aigreur de la bière invite aussi les étudiants d'en-face à ne pas trop s'attarder. Un tonneau de bière est donc mis en perce pour l'occasion (un vrai tonneau bien-sûr). enfin, tout cela se déroule au rythme des cantiques chantés depuis la tour de Lincoln et les chanteurs jettent des pièces (chaudes il y a encore quelques années) à l'attention des enfants du quartier (dont Madeleine bien entendu). Les photos anciennes montrent une étrange similarité entre les scènes passées et actuelles. Une autre tradition bien d'Oxford donc.   


Les élections européennes en Angleterre, en pleine crise du Brexit

Les Anglais ont finalement voté pour les Élections Européennes, organisées en hâte. Comme en France, les partis traditionnels - surtout les Conservateurs de T. May - ont subis de graves revers (le plus importants depuis 200 ans pour les Tories). Le Brexit Party, mené par l’inénarrable Nigel Farage, est largement en tête avec 31 %. En face, les "Remainers" affirment tout autant avoir remportés les élections : en effet, Lib Dem + Labour + Green totalisent presque 44 % des votes. Donc, chacun des deux camps sort renforcé de ce vote. Le départ de Theresa May ouvre la porte à de nouvelles négociations sur le Brexit, dès la formation du nouveau parlement. L'arrivée très possible de "BO-JO" ou Boris Johnson, relance très sérieusement la possibilité d'un "Hard Brexit" ou Brexit sans le compromis élaboré par May et Bruxelles pendant 2 ans. Enfin, en Angleterre, les bureaux de votes sont parfois inhabituels : les personnes privées peuvent organiser un bureau de vote chez eux : Voici quelques exemples.


Chiswick house : une villa palladienne à Londres

Chiswick house est une magnifique villa construite par l'une des familles les plus riches et les plus influentes d'Angleterre au XVIIIe siècle, les Ducs de Devonshire. Il s'agit d'une villa inspirée de celles de Palladio dans le nord de l'Italie que Richard Boyle, le 3e duc visite dans les années 1710. Il fait appel à William Kent pour réaliser les magnifiques jardins. Il s'agit d'une maison pour faire la fête, comme celles qui furent organisées par l'extraordinaire et influente Georgiana Cavendish à partir de 1774, sorte de Rihanna (?) du XVIIIe siècle. Les jardins, aujourd'hui publics, pourraient en meilleur état. La visite donne un bon aperçu de la vie aristocratique anglaise au XVIIIe siècle. 


Broughton House : Shakespeare in Love

Broughton House est une magnifique maison d'époque Tudor, à 50 km au nord d'Oxford. Le 1er château fut un temps la possession de William de Wykeham, le fondateur du célèbre New College à Oxford. Début XVIe, le château passe aux mains de la famille Fiennes (prononcé comme vous pouvez). Ils construisent alors une magnifique demeure Tudor, que l'on peut voir presque inchangée aujourd'hui. La famille est, au XVIIe, engagée contre Charles I, des libelles sont publiés contre le roi et des complots y sont préparés. Le château manque de peu d'être bombardé. De nombreux films ont y été tournés, comme le très amusant Shakespeare in Love, avec Joseph Fiennes, un descendant direct de la famille propriétaire du château... A ne pas manquer pour ceux qui font un tour en voiture dans la région.


Qu'est-ce que le CNRS ?

Centre National de la Recherche Scientifique. C'est une grande maison, 31.000 personnes y travaillent, qui est administrée par l'Etat, et qui est en charge de la recherche scientifique en France. Le CNRS a été fondé en plein milieu de la Seconde guerre Mondiale, en fin d'année 1939, dans un but au départ militaire. En 1958, De Gaulle réorganise l'ensemble et dote l'institut de nouveaux crédits. Aujourd'hui, le CNRS compte 10 instituts (des sciences biologiques aux sciences humaines), 18 délégations régionales, et 98 laboratoires, souvent intégrés au sein des universités. Le CNRS a formé de nombreux scientifiques, dont 11 prix Nobel et 10 médailles Fields. Le budget du CNRS est de 2.214 millions d'euros annuels. En un mot, le CNRS est à la pointe de la recherche mondiale et est estimée dans le monde entier. Le Journal du CNRS (ICI) vous apprendra un tas de choses sur un tas de sujets différents. 


Le 11 avril 2019 : une journée mémorable

 Le jeudi 11 avril avait commencé par un rendez-vous familial, dans la cour fraîche mais ensoleillée de Brasenose College. A 11h30, Father Matthieu est arrivé, nous a salué et est entré dans la chapelle, pour préparer le baptême d'Augustine. Ce fut une très belle cérémonie, en petit comité, entre français et anglais, avec un peu d'improvisation. A la suite, une petite coupe de vin frais et pétillant nous a été servie avant un bon repas dans la partie la plus ancienne du College, la "Medieval Kitchen". Ensuite, après un tour de ville et la visite de quelques colleges d'Oxford, nous apprenons que Marguerite vient d'être reçue au CNRS ! Comble de joie et de bonheur pour nous et toute notre famille réunie, près de nous. Nous terminons cette journée désormais mémorable au pub : il fallait dignement fêter, toujours avec ce fameux vin frais et pétillant, cette bonne et réjouissante nouvelle !  


Baptême d'Augustine + Brexit = ?

Le 11 avril, nous organisons le baptême d'Augustine. Elle aura presque 3 ans (on a un peu de retard). Nous organisons la cérémonie dans la chapelle du College de Marguerite, Brasenose College. C'est une chapelle de 1656, construite presque 150 ans après la création du College lui-même en 1509. Sur une gravure du XVIe, siècle, on voit clairement que le College n'est constitué que d'une simple cour ("Quad" pour quadrangle). La gravure de Loggan (milieu XVIIe), montre clairement la chapelle. Au XIXe siècle, l'intérieur était en mauvais état et a été restauré. William Turner, qui a vécut longtemps à Oxford, a dessiné la cour principale au XIXe, (la 1ère cour, sans la chapelle). En résumé, c'est un bel endroit historique au cœur d'Oxford. Il se trouve que l'Union Européenne et le Parlement britannique ont décidé que la date butoir pour le Brexit commencerait le vendredi 12 avril, le lendemain de ce baptême ! Les prochains posts de ce blog vous raconteront la suite de ces événements... Affaire à suivre. 


THE BOAT RACE : entre Hilary et Trinity

Le printemps est arrivé à Oxford et les beaux jours avec. En ce moment, Oxford tourne au ralentit car nous sommes entre 2 "terms" ou trimestres et il n'y a plus d'étudiants en ville pour presque un mois et demi. L'année académique est divisée en 3 "terms" : Michaelmas term, Hilary term et Trinity term. Les noms de ces "terms" - qu'Oxford ne partage qu'avec l'université de Dublin - proviennent des fêtes religieuses (saint Michel - saint Hilaire de Poitiers) qui marquent le début de la période. Durant ces vacances, le 7 avril prochain, aura lieu la célèbre compétition d'aviron entre les 2 universités : Oxford et Cambridge. Il s'agit d'une compétition qui remonte au début du XIXe siècle (1829). Elle se déroule sur la Tamise, dans l'Ouest londonien. Au départ, seules des équipes masculines s'affrontaient. Aujourd'hui, des équipes féminines participent aussi. Au moins 250.000 personnes se rassemblent à Londres pour regarder la course (qui dure une vingtaine de minutes sur 6,7 km) et ceux qui la regardent à la télévision ou sur internet sont aussi très nombreux - c'est probablement l'un des événements sportifs les plus suivis en Angleterre. Le sport n'est pas une donnée secondaire dans les universités anglaises : il en est même l'un des fondements. Au XIXe siècle, quand l'université prend l'allure qu'elle a encore aujourd'hui, le sport permet aux "boys" (les colleges sont uniquement masculins jusqu'en 1972...) de former un corps social uni et soudé. Cette émulation entre équipes et cet esprit de corps ont permis à l'Angleterre victorienne de former un corps de grands fonctionnaires qui vont mettre en oeuvre l'impérialisme anglais. Le sport - le cricket par exemple - a été essentiel dans la colonisation de l'Inde. Le sport a donc joué un rôle fondateur à la fois pour l'histoire des grandes universités mais aussi dans l'histoire du pays. Les affiches de la Boat Race des années 1920/30 sont très créatives. Aujourd'hui, l'événement permet de récolter de l'argent pour la lutte contre le cancer. L'année dernière, c'est Cambridge qui en remporté la course. 2017, c'était Oxford. 


Disparition de Yann-Fanch KEMENER

La mort de mon parrain Yann-Fanch, le 16 mars 2019, va certainement marquer une étape importante de ma vie. J'ai grandi avec lui depuis l'âge de 6 ans. Il m'a ouvert les yeux sur un monde extérieur, sur des cultures jusqu'alors étrangères à la mienne. J'ai appris l'intérêt de l'ouverture d'esprit et de cœur. Ensemble, nous cultivions aussi un certain goût pour les choses de l'esprit : des bons mots de Jacques Lacan, aux Memento Mori rencontrées au gré de nos voyages, aux ouvrages anciens trouvés chez François Corre à Rennes, derrière le Parlement ou ailleurs. Toujours présent au moindre appel, la porte de sa maison était toujours ouverte. Souvent, il venait me voir à Paris et nous allions dîner rue Monsieur Le Prince ou rue Saint André des Arts où je lui faisais découvrir mes bonnes adresses d'alors, découvertes juste avant. Il y a 10 ans, il a été le témoin de notre mariage : il avait fait un beau tour de chant ce jour-là. Tout habillé de blanc évidemment ! J'ai gardé de lui des goûts précis : écrire avec un beau stylo plume et avec une encre de couleur spéciale - ; les belles éditions anciennes ; les étoffes colorées qui viennent de l'autre bout du monde. Étrangement, ce n'est pas la Bretagne que Yann-Fanch  m'a fait découvrir, comme à beaucoup, mais ce qu'il y avait à l'extérieur de la Bretagne. Il va tous nous manquer. Il va me manquer. 


LE PAYS DE GALLES : Surtout de la pluie et des fougères

Au Pays de Galles, on ne croise pas de beaucoup de monde et il n'y a pas beaucoup de routes. Par contre, beaucoup de vieux châteaux, des villas et des mines d'époque romaine, de la lande et de la fougère partout. Le Pays de Galles fut difficile à conquérir pour les Anglais : sous Edouard Ier, au XIIIe siècle, le roi attribue cette région en apanage à son fils, Edouard II, qui devient donc "Prince de Galles". Toujours aujourd'hui, le prince héritier est appelé Prince de Galles. Beaucoup de gallois parlent le gallois (2 x plus que de bretonnants en Bretagne) et encore plus jouent au Rugby, véritable sport national. Nous avons visités une villa romaine à Great Witcombe, un fort de l'âge du fer avec des huttes remontées, on s'est fait trempés dans le massif du Brecon Beacons, au sud du pays. Madeleine se demandait comment c'était dans un nuage : elle sait désormais que c'est mouillé. 


WINDSOR CASTLE : concentré d'histoire britannique

Le château de Windsor, à quelques kilomètres à l'ouest de Londres, concentre en effet les principales dates de la royauté anglaise : construit par Guillaume Le Conquérant au XIe siècle, (comme la tour de Londres, les châteaux de Dover, Colchester, Canterbury, Hastings, Oxford, etc...), pour contrôler le trafic sur la Tamise. Edouard III, au XIVe siècle, fait construire la magnifique chapelle Saint-George, et fait construire un château qui forme une cour autour de la tour normande, toujours visible au centre de l'ensemble. Au XVIe siècle, au moment de la Restauration de Charles II, Windsor est très modifié en s'inspirant de Versailles, le grand exemple d'absolutisme en Europe. Finalement, les plus importantes transformations sont effectuées au XIXe siècle, sous George III, IV et enfin sous Victoria qui y passe l'essentiel de son temps. Windsor conserve des trésors d'arts graphiques, des peintures, et bien-sûr, l'exceptionnelle chapelle Saint-George, lieu de réunion des chevaliers de l'ordre de la Jarretière (Garter Order), lieu où sont conservés les restes d'Henry VIII et de Charles Ier. Devant le château, on peut aussi visiter Eton College, fondé en 1440 par Heny VI. 


BREXIT : Groundhog day, again

Février 2019 : Le Brexit entre désormais dans une phase critique (à moins de deux mois du 29 mars) où on ne sait pas du tout ce que l'avenir nous réserve : Deal or no Deal, c'est 50/50. Nous sommes désormais habitués à ce que rien ne ce passe pas comme prévu, et c'est tout à fait ce qui continue à arriver. Étonnement, la situation devenant chaque jour de plus en plus ubuesque, qu'elle en est devenue un sujet de plaisanteries, dont les dessins publiés dans la presse (ici, une petite sélection), ainsi que les livres amusants sur le sujet témoignent. Evidemment, ce sont les Européens vivants en Angleterre qui sont pour l'instant les plus anxieux. Les Anglais, de leur côté, restent, conformément à leur image, flegmatiques : ils en parlent assez peu par rapport à la gravité de la situation. Beaucoup de commentateurs comparent ces jours qui précèdent le 29 mars comme le Groundhog Day : du nom du film "Un jour sans fin" où Bill Murray revit sans cesse le même jour. Passionnant à vivre et à observer au quotidien. 



OXFORD : aussi la ville des gens malheureux

Notre expérience d'Oxford et la fréquentation de ses habitants nous a montré qu'il y avait beaucoup de gens - en particulier des couples - malheureux à Oxford. Pourquoi ? Parce que les gens viennent ici pour étudier, souvent dans le cadre d'un contrat post-doctoral, l'un des conjoints - souvent un homme - trouve un poste permanent. Et l'autre, reste s'occuper des enfants, abandonne sa recherche. Le parcours semble complexe, mais finalement est assez archétypique. Dans certains cas, le couple divorce et celui qui n'a pas de poste à l'université, est "piégé(e)" à Oxford, ville où tout tourne autour de l'université. Plusieurs personnes que nous avons rencontrées ici, sont dans ce cas de figure. Des professionnels de la santé travaillant à Oxford nous ont confirmé cet état de fait. Par ailleurs, l'université étant, plus ou moins, la seule activité valorisée - ou valorisante - à Oxford, les personnes qui n'y travaillent pas et il y en a beaucoup, se sentent exclues d'une ville où tout tourne de la vie universitaire. Les personnes qui y travaillent excluent souvent, sans mauvaise intention et parfois inconsciemment, les personnes qui n'auraient pas accès ou ne travailleraient pas à l'université. Du côté des étudiants, le sujet de la dépression est aussi présent : pression de la famille, pression du college lui-même (enseignants et élèves), l'énorme charge de travail, l'ambiance très compétitive. Tout cela cumulé fait que les étudiants d'Oxford sont très déprimés, comme le montre cet article du Guardian. Au final, on rencontre souvent des gens déprimés à Oxford, ville où 40% des habitants de la ville ont un diplôme d'études supérieures. Comme quoi, s'il fallait encore le démontrer, les études supérieures n'apportent pas le bonheur. 


Bref jour de neige fin janvier


Oxford vu par Joanna Vestey

Photographe anglaise. Elle réalisa une série de photographies sur Oxford en 2016 et qui furent exposées à la Biennale de Venise en 2017. Regard sur les "Custodians", personnel de l'université d'Oxford. A voir sur son site, ici. 


BONNE ANNÉE 2019


Noël 2018 : Christmas Carols et fièvre acheteuse

Les Anglais, gens raisonnables et flegmatiques comme chacun le sait, entrent cependant dans une sorte d'hystérie collective au moment de Noël dont les préparatifs commencent dès la fin novembre. Hystérie d'achats surtout qui devient inquiétante quand on sait que les ménages anglais sont parmi les plus endettés d'Europe (lire ici). Evidemment, Noël, période de rassemblement des familles, le B...xit devient LE sujet interdit : il divise profondément le pays mais aussi les familles - cela rappelle le dessin sur l'affaire Dreyfus : "Ils en ont parlé" ! (voir ici). Le vote sur le Deal / No Deal devait se dérouler avant les fêtes, mais il a été repoussé à début janvier.

Noël, c'est aussi la période des Christmas Carols : toute l'école de Madeleine s'est mise à l'unisson pour chanter la nativité. Le passage obligé dans toutes les écoles, mais aussi dans la plupart des familles. Noël, c'est aussi le moment de l'année où les familles sont invitées à donner une obole pour les pauvres : et vient donc à ce moment-là, le très-évitable "Christmas Jumper day" : vous arborez votre plus moche pull de Noël et vous donnez quelques pounds dans une boîte mise à disposition ce "Christmas Jumper Day". Certains audacieux se lancent même dans la "cravate de Noël"... Une tradition qu'il ne faut surtout importer en France. Le College de Marguerite organise chaque année un Noël pour les enfants : les seules 2 heures de l'année où les enfants étaient les bienvenus dans le Grand Hall. A ne pas manquer donc. Enfin, pour les fêtes, nous sommes restés en Angleterre et visiter Londres en cette période de fêtes et découvrir le quartier de Pall Mall, Buckingham Palace, non loin du lieu où le Général De Gaulle lança son appel un 18 juin. 


L'automne au sec à Oxford

L'automne est passé comme une flèche cette année, un automne particulièrement sec, presque sans pluie. Il faut reconnaître le temps anglais, froid et humide, auquel nous nous attendions, nous a déçu : le temps est souvent clément et sec. Augustine parle de mieux en mieux et son bilinguisme est très amusant. Les linguistes s'accordent à dire que cette situation est bonne pour le développement de l'enfant : il développe sa créativité et s'adapte plus facilement à de nouvelles situations (à lire ici). Pour les activités, nous allons très souvent au Museum d'histoire Naturelle d'Oxford et à Londres de temps en temps. 


C'est la rentrée : back to school

Après un mois de vacances en France et en Angleterre, c'est le retour à l'école et au travail. Nous sommes arrivés à la moitié de notre séjour. Il nous reste encore beaucoup de choses à voir avant notre départ : Le Pays de Galles surtout et Londres. Assister et comprendre le cricket, faire du punting (barque avec une perche) sur la Tamise, faire de la péniche sur le canal le long de la Tamise. Madeleine entre en "Year 3" (C.E. 1 en France) avec Miss. Lambert et retrouve une partie de ses amies de l'an dernier. Augustine entre dans le "Big Learners Boulevard" à la Nursury de Woodstock Road (en photo). Elle retrouve aussi une partie de ses amis, les plus grands de son groupe. Objectif pour Madeleine : apprendre à écrire et à lire en anglais et en français.  Objectif pour Augustine : parler un langage compréhensible de tous et être propre... Bonne rentrée ! 


DARTMOOR : Poneys, moutons et mégalithes

Le Dartmoor est un parc naturel du Devon, à l'Ouest du pays. Rempli de moutons pas farouches, des poneys pas farouches du tout non plus et des militaires plus farouches (14 % du parc appartient à au ministère de la Défense). C'est aussi une région très riche en alignements et menhirs de l'âge du bronze. Les deux alignements parallèles de Marrivale sont d'une beauté extraordinaire. Les cercles de pierres de Fernworthy témoignent de l'intensité de l'activité pendant l'âge du bronze. C'est aussi la région où Conan Doyle place l'action du Chien des Baskerville (1901).     


UFFINGTON WHITE HORSE

A une heure de route au sud d'Oxford, on peut visiter le Uffington White Horse : un immense géogliphe (grand dessin réalisé au sol). Présent dans les textes dès le XIe siècle, le monument date en réalité de la fin de l'âge du bronze, vers 900 avant J.-C. Les spécialistes se sont beaucoup interrogés sur ce "cheval" : marqueur de territoire, divinité locale. Il semblerait aussi possible que ce soit une représentation du char du soleil marquant la course du soleil d'hiver, typique des pays nordiques.  


Eté 2018 : Chaleur, foule, anniversaires

Le début de l'été 2018 en Angleterre a été marqué par de très fortes chaleurs : les jardins, habituellement bien verts, étaient passés au jaune paille, ceux d'Oxford comme ceux de Stourhead (en photo avec petit temple). Seuls quelques fortunés Colleges de notre ville se permettaient d'irriguer leurs quads (Ici, Brasenose, vu de la Senior Common Room). Autre joie de l'été : les anniversaires des filles. Celui de Madeleine, fêté en avance pour avoir les copains de l'école, s'est fait aussi sous une forte chaleur (et sous petit chapiteau...). L'anniversaire de Teeny fut aussi l'occasion de mettre côte-à-côte nos deux filles à deux ans l'une et l'autre. L'été, c'est aussi l'heure du tourisme de masse à Oxford et ailleurs. La foule envahit les rues d'Oxford, mais aussi d'à peu près tous les sites d'importance en Angleterre : Stonehenge, Bath, mais aussi le Pays de Galles et bien-sûr Londres où les masses de touristes sont mieux absorbées. Courant juillet, j'accompagne un groupe à Winchester où nous sommes reçus par un "frère noir" du magnifique et vénérable Saint-Cross Hospital. 


Le Peak District : le cœur de l'Angleterre

Le Peak District fut le 1er National Park du pays, décrété ainsi en 1951. Surtout fréquenté par les amateurs de randonnées et de beaux paysages, c'est avant tout une région industrielle (Sheffield par exemple). Si le pays dans l'ensemble est relativement plat, le Peak District, au centre et le Lake District (au Nord-Ouest) offrent de magnifiques points de vue. Le point culminant du Royaume-Uni se trouve en Ecosse, dans les High Lands, près de cet endroit magique qu'est Glencoe. Au cœur du Peak District, se trouve une magnifique "Country House" : Chatsworth : habité par les ducs de Devonshire depuis le XVIIe siècle, la maison est située dans un cadre exceptionnel : vallée fertile peuplée de moutons et de Chinois en ballade (tous les deux sont tondus nets à chaque passage près d'une attraction). Il a fait très chaud au moment de notre passage : baignade obligatoire pour nos héros échauffés par une voiture sans climatisation. 


THE BODLEIAN LIBRARY : l'une des plus riches et belles bibliothèques du monde

La Bodleian Library est la bibliothèque centrale de l'université d'Oxford. Elle n'appartient pas à un collège, mais à l'université elle-même. Son bâtiment principal est au cœur de la ville et la Radcliffe Camera, l'une des salles de lecture, est le principal monument d'Oxford. La 1ère bibliothèque fut installée au 1er étage de la Divinité School, construite entre 1420 et 1480. Cette 1ère bibliothèque, la Duke Humphrey Library, s'est révélée vite beaucoup trop petite. Le principal initiateur de l'actuelle bibliothèque est Sir Thomas Bodley, ancien ambassadeur anglais, qui décida, à la fin du XVe siècle, de créer une grande bibliothèque pour l'université. Il donna beaucoup de livres et d'argent pour sa fondation, ainsi que ces amis, comme le Duc de Pembroke qui a sa statue devant l'entrée principale. Elle possède 12 millions d'ouvrages (c'est un des dépôt légal du pays) et une impressionnante collections d'ouvrages anciens. Répartis sur 32 sites, la bibliothèque se distingue aussi par un ambitieux programme de digitalisation des collections. Des visites sont organisées chaque jour. 


CIRENCESTER : capitale de province romaine à côté d'Oxford

Au milieu des Cotswolds, la ville de Cirencester est probablement l'ancienne capitale de la province romaine de Britannia Prima. Elle se situe non loin de l'endroit où Jules César a planté son sigle SPQR en Bretagne... (précision de la spécialiste : c'est Claude qui a conquit le pays et non Jules comme désormais tous les lecteurs d'Astérix le croient...). Comme de nombreuses autres villes d'Angleterre, le nom se termine en "CESTER" vient du mot latin "Castra", c'est-à-dire "camp militaire". Il ne reste que l'amphithéâtre de visible, le 2e plus grand d'Angleterre. La ville, à l'époque romaine, est longtemps restée la 2ème plus grande du pays. Le musée de la ville présente de nombreuses mosaïques trouvées au XIXe dans les maisons du centre. La ville est le berceau de la célèbre famille aristocratique anglaise des Bathurst dont de nombreuses villes dans le le monde portent le nom (Australie, Canada, Afrique du Sud) car l'un des comtes étaient ministre des colonies au XIXe siècle. Le domaine de la famille présente devant le château une haie en if, l'une des plus grandes du pays. 


WINTER BUMPS : ou pourquoi faire de l'aviron sous la neige ?

En hiver, fin février, début mars, l'Université d'Oxford organise une compétition entre les Colleges : "BUMPS RACE". Course inventée début XIXe (1815), il s'agit d'une course particulière d'aviron à 8 (hommes ou femmes) se pratiquant l'hiver, le cours de la Tamise étant étroit à cet endroit, empêchant la course de vitesse classique où tous les avirons partiraient au même moment. Donc, il s'agit, avec plusieurs départs, donc sur plusieurs jours (il y a 38 collèges je rappelle...) de faire partir 4 embarcations au même moment et il s'agit de toucher ("bump") l'aviron qui est à 15m devant vous. Il faut faire tourner les bateaux et les départs de façon à ce que chacun ait la chance de toucher un autre bateau. Cette année, il neigeait et il faisait -5 environ, ce qui ne dérange absolument pas les Anglais qui ne sont décidément pas frileux. Dans le courant de l'année, les murs des collèges gagnants sont ornés à la craie du blason du collège et des autres collèges qui furent "bumpés" (en photo, St Edmund Hall). Tout un programme...  


Qu'est-ce que l'University of Oxford ?

Nous n'avons pas encore parlé de l'université d'Oxford, pourtant principal sujet d'occupation et de conversation depuis notre arrivée. C'est un petit monde, avec beaucoup de particularités et subtilités, dont la compréhension des rouages est en lui-même un sujet d'étude... Tout d'abord, il faut savoir que c'est une petite université avec 20.000 étudiants seulement. Sorbonne Université (Paris IV + VI depuis janvier 2018) en compte 53.000. Plus de 10.000 sont des post-graduates, donc doctorants-chercheurs. Le budget de l'université (1,2 milliard de livres Sterling) est 10 x supérieur à celui de Paris-Sorbonne, pour environ, le même nombre d'étudiants. Pour information, celui de Harvard (USA, Mass.) est le double de celui d'Oxford... Le corps professoral est composé de 1.800 professeurs. L'uni. est, de loin, le 1er employeur de la région Oxfordshire, avec ses 13.000 employé(e)s. 38 colleges constituent l'université, qui ne dispense pas d'enseignement elle-même. Les 1ers enseignements furent donnés au XIe siècle et les 1ers colleges furent fondés à la fin du XIIIe siècle. 

La particularité principale est le coût de l'enseignement : 10.000 pounds par étudiants (anglais), ajouter à cela le logement et les frais d'alimentation (15.000 environ). Et pour un an seulement ! Les étudiants étrangers (beaucoup de Chinois par exemple) paient beaucoup plus avec 27.000 de frais de scolarité, auxquels il faut toujours ajouter logement et frais alimentaires. Pour un diplôme classique, c'est 3 ans en général. Le taux de réussite est très fort avec 95 % d'étudiants qui trouvent un emploi dans les 6 mois après leur "graduation". L'entrée à l'université est très sélective : sur dossier puis sur entretien. L'université est depuis peu un monde mixte (1974 seulement) et l'enseignement autre que théologique depuis 200 ans environ. Le joli film de propagande de 1941, diffusé par British Council, montre l'ambiance des colleges et de la vie masculine d'Oxford, des cours et des "formal diners". 


Chipping Norton : Rollright Stones

A l'Est d'Oxford, dans les Cotswolds, se trouvent plusieurs sites mégalithiques. Celui de Rollright Stones est très important, par sa taille et la complexité du site. Le principal objet est un cercle de pierres de la fin de l'époque néolithique, début de l'âge du bronze. Le cercle de 33 m de diamètre est présent dans les textes depuis au moins le XIVe siècle. Une grande tapisserie de la fin du XVIe siècle, conservé à la Bodleian Library d'Oxford, présente le cercle de pierres au nord de "ChepingNorto". Le cercle fut aussi gravé au XVIIe siècle. La visite, par un jour de pluie et sous un ciel bas et gris correspondait parfaitement à l'atmosphère sacrée.  


Avebury : immenses cercles de pierres d'époque néolithique

D'un diamètre de 421 mètres, le cercle de pierres est lui-même entouré d'un immense fossé. A l'intérieur, plusieurs plus petits cercles de pierres ont été conservés. L'ensemble est d'une ampleur exceptionnelle. Le village s'est installé à l'intérieur du cercle. Daté d'environ 2600 avant J.-C., l'ensemble est plus ancien que Stonehenge, situé à environ 40 km plus au sud. Seules 27 pierres sur les 97 à l'origine, subsistent pour le cercle extérieur. Les archéologues ne connaissent toujours pas l'utilisation du site : calendrier, rites funéraires, culte des ancêtres... Dans le comté de Wiltshire, à une heure au sud-ouest d'Oxford. 


Les Cotswolds : la région près d'Oxford

A l'ouest d'Oxford, à environ une heure de route, on peut se promener dans la magnifique région des Cotswolds. Région vallonnée, animée par de charmants petits villages toujours bien tenus et proprets. La région a été très prospère au XIXe siècle grâce à la laine de mouton. Toutes les villes et villages (y compris Oxford) sont construits avec cette belle pierre jaune (mais qui résiste très mal à l'eau...) des Cotswolds. Tout y est miniature : maisons, jardins, routes, sauf les énormes Land Rover que l'on croise sur les toutes petites routes. Particularité de la région : une course stupide après un fromage balancé du haut d'une colline très penchée. Le spectacle est surprenant ! Pour les amateurs, le spectacle se déroule au mois de mai, près de Gloucester, au coeur de cette belle région. Autre pratique sportive extrême, le "Bog Snorkelling" où l'on nage déguisé dans un canal d'eau boueuse au pays de Galles. 


Jesus College, Turl St.

Jesus College fait partie de cette série d'une quinzaine de College fondés au XVIe siècle, au moment de la Réforme, soit par Henry VIII lui-même (comme Christ Church) ou ici, par sa fille, Elizabeth 1er, en  1571. A la différence de la plupart des autres colleges, Jesus College (ainsi que Saint John's College) ont une fondation Catholique Romaine. Les bâtiments datent pour l'essentiel des XVIe et XVIIe siècles. Jesus College est situé au coeur de la ville ancienne, Turl Street, dans laquelle se trouvent aussi Exeter College et Lincoln College. Harold Wilson, 1er ministre à deux reprises, et T.E. Lawrence sont les plus célèbres anciens élèves.  Dans les cours des Colleges, les élèves inscrivent à la craie leurs succès aux compétitions d'aviron, organisées chaque année entre les Colleges. 'Torpids' ou 'Bumps', avec le score et le rang des autres colleges sont inscrits à l'entrée des logements. Certains ont plusieurs années. 


Christ Church College

Homonyme de Christ Church College de Cambridge, le Christ Church College d'Oxford est probablement l'institution de la ville la plus célèbre, la plus réputée et l'une des mieux dotées financièrement. Fondé sur l'ancien site du Canterbury College (lui-même fondé en 1363), CHCH fut fondé par le Cardinal Wolsey en 1525. Le personnage de Wolsey tomba rapidement en disgrâce pour avoir tenu tête à Henry VIII. Il mourra d'épuisement après son arrestation. A partir de 1545, le "Dean' (ou recteur du College), est nommé directement par la Couronne. Il est aussi chef de la cathédrale et du chapître qui y est attaché. Pendant la Guerre Civile, au XVIIe siècle, Charles Ier et Charles II y logèrent. Le parlement et le roi étant en opposition sur des questions politiques et religieuses, ce qui mena au siège de la ville par les troupes liées au Parlementaires et surtout, à l'exécution, le 30 janvier 1649, à Londres, du roi Charles Ier. La cathédrale présente des éléments des XIe et XIIe siècle, avec une rénovation au XVIe siècle. Le chœur présente un exemple particulièrement réussi de style "perpendiculaire", typiquement anglais. Le College et particulièrement le Dining Hall a été rendu célèbre par Harry Potter. Cependant, peu de scènes y ont été tournées : c'est dans un décor reconstitué que furent tournées l'essentiel des scènes.


Magdalen College, High St.

Fondé en 1458 à l'emplacement de l'ancien hôpital Saint-Jean Baptiste (de 1231), Magdalen College (prononcé 'Maudlin') est l'un des plus prestigieux College d'Oxford. Sa haute tour (1492/1509) domine Oxford et marque l'entrée dans le centre en venant de l'Est. Le chœur de la chapelle est très réputé, dit-on. Avec 400 undergraduates et plus de 150 post-graduates, Magdalen College a l'un des plus fort taux de réussite des Colleges formant l'University of Oxford. De nombreuses personnalités ont fréquentées MC : l'écrivain C. S. Lewis, le roi Edward VIII, John Paul Getty, Oscar Wilde ou encore Peter Brook. L'essentiel des bâtiments datent du XVe/XVIe siècles. Le 'New Building' date lui de 1733.